La fin des dividendes dans les télécoms

Depuis l’explosion de la bulle Internet au début du siècle, les groupes télécoms avaient troqué le costume de valeurs de croissance pour celui de titres à dividende. Ces derniers ne semblent toutefois plus garantis au vu des baisses de dividendes en cascade ces derniers mois.

Telefonica, confronté à la crise espagnole qui pèse sur ses résultats et sur ses coûts de financement, avait initié le mouvement en décembre dernier en annonçant une baisse de 1,75 à 1,50 euro de son dividende pour 2012. Plusieurs grands noms avaient ensuite suivi dont le dernier en date n’était autre que KPN qui annoncé qu’il verserait au moins 0,35 euro par titre cette année contre des attentes de 0,90 euro et ce, malgré la mise en vente de sa filiale belge Base.

Telefonica vient à nouveau de franchir une nouvelle étape en supprimant purement et simplement le dividende pour 2012 et en divisant par deux la prévision pour 2013 (revue à 0,75 euro). Afin d’adoucir la pilule, le groupe espagnol a également annoncé une baisse de 20 à 30% de la rémunération de ses dirigeants dans le sillage de la chute de 34% du bénéfice net au second trimestre.

Cette décision drastique s’explique certes partiellement par le contexte particulier de l’Espagne qui pousse Telefonica à conserver un maximum de liquidités afin de limiter ses refinancements alors que les agences de notation ont abaissé son rating à plusieurs reprises. Mais pas seulement. L’ensemble du secteur des télécoms connait en effet une période difficile. Les opérateurs doivent consentir de lourds investissements dans les réseaux (fibre optique pour l’Internet, réseau mobile 4G) tout en voyant leurs revenus s’éroder en raison de la baisse des tarifs régulés (tarifs de roaming et de terminaison mobile), d’un renforcement de la concurrence et de la conjoncture atone.

France Télécom vient ainsi de publier des chiffres trimestriels marqués par une baisse de 2,1% de son chiffre d’affaires et de 10,1% de son cash-flow opérationnel en raison notamment d’une hausse des investissements. Sur 6 mois, le groupe a perdu 770 000 clients mobiles en France à la suite de l’arrivée sur le marché de Free Mobile qui a cassé les prix. France Télécom a par ailleurs indiqué que son objectif était de reverser 40 à 45% du cash-flow opérationnel sous forme de dividende, une façon de prévenir ses actionnaires qu’il pourrait se montrer moins généreux que les années précédentes, même si cela ne fait pas les affaires de son premier actionnaire : l’État français (27% du capital).

Cela n’est évidemment pas sans rappeler Belgacom qui n’a pas encore confirmé le versement du super dividende budgété par l’État. Il pourrait passer à l’acte vu l’arrêt du programme de rachat d’actions propres (un jeu de vases communicants) mais clairement, Belgacom n’est pas en mesure de rémunérer plus grassement ses actionnaires, le groupe ayant déjà distribué plus que son cash-flow libre en 2011, ce qui signifie qu’il doit emprunter pour payer les dividendes et racheter ses actions propres. Intenable à terme.

Cédric Boitte

www.accioz.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content