Le coup de blues de la biotech noir-jaune-rouge

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Très loin des fastes américains d’Ablynx, la plupart des biotechs belges traversent une période mitigée, voire difficile, en Bourse. Tous les projets ne répondent en effet pas aux attentes alors que les investisseurs se montrent de plus en plus intransigeants.

Si elle continue de susciter l’engouement parmi les petits investisseurs, la biotech ne fait plus réellement recette auprès des gérants de fonds. L’indice américain Nasdaq Biotechnology ne s’est ainsi jamais réellement remis de sa correction du second semestre 2015, végétant 20% sous ses records. La baisse a même repris ces dernières semaines alors que le segment des valeurs technologiques est dominé par la consolidation des semi-conducteurs, l’intelligence artificielle ou encore les blockchains. Dans ce contexte, les investisseurs se montrent beaucoup plus sélectifs et intransigeants, avec de lourdes sanctions à la clé pour les biotechs qui ne répondent pas aux attentes.

Asit Biotech

Le cas le plus emblématique est Asit Biotech. Lors de son introduction en Bourse au printemps 2016, la société spécialisée dans l’immunothérapie allergénique ambitionnait de commercialiser son traitement du rhume des foins dès 2018. Les autorités allemandes n’ont toutefois pas été convaincues par les résultats scientifiques et réclamé une étude supplémentaire, repoussant de plusieurs années toute mise sur le marché. Le second programme clinique d’Asit Biotech, un traitement expérimental de la rhinite allergique aux acariens, a également livré des résultats de phase 2 mitigés. Dans ce contexte, la société a annoncé une levée de fonds de 30 millions, indispensable à sa survie. Les perspectives pour les 2-3 prochaines n’en demeurent pas moins extrêmement bouchées.

MDxHealth

C’est l’autre grosse déception du cru 2017 parmi les biotechs belges. Le spécialiste des diagnostics moléculaires dans le domaine de l’oncologie a dû revoir ses objectifs 2017 à la baisse, tablant sur une croissance de ses ventes de 45% à 55% au lieu des 55% à 75% initialement prévus malgré le quasi doublement du nombre de commerciaux aux États-Unis, son principal marché. MDxHealth a par ailleurs revendu ses droits sur le Cologuard, un test de diagnostic du cancer du côlon, à Exact Sciences pour 15 millions $, un montant bien inférieur aux dizaines de millions de royalties espérées lors de la commercialisation fin 2014. Les ventes du ConfirmMDx pour le cancer de la prostate, son principal test, demeurent également sensiblement inférieures aux objectifs visés lors de la commercialisation aux États-Unis en 2012. Corollaire de ces débuts commerciaux mitigés, MDxHealth demeure déficitaire et il devient ardu de prédire quand la société liégeoise pourra dégager un bénéfice.

Celyad

La biotech wallonne connait de véritables montagnes russe depuis son introduction sur Euronext Bruxelles en 2013 avec un plus bas à 12 euros et un plus haut à 70 euros. Début 2015, l’ex Cardio3Biosciences a eu la bonne idée de racheter OnCyte, un petit spécialiste de l’immuno-oncologie. Cette activité est devenue essentielle à la suite de l’échec relatif en phase 3 de son traitement de l’insuffisance cardiaque. Outre ses propres programmes, Celyad est propriétaire de brevets lui permettant de signer des accords de licences pour de nombreux programme d’immuno-oncologie allogéniques, c’est-à-dire des traitements produits à partir des cellules de donneurs universels. Les programmes avancés actuellement sont de type autologue, chaque dose devant être produite à partir des cellules du patient – ce qui est beaucoup plus coûteux. Le potentiel est donc considérable mais l’horizon est lointain, les programmes les plus avancés étant actuellement dans la première (sur 3) phase des études cliniques. L’immuno-oncologie constitue par ailleurs un segment hautement concurrentiel. Rien qu’aux États-Unis, les cinq principaux acteurs que sont Merck, Bristol-Myers Squibb, Roche, AstraZeneca et Pfizer mènent actuellement 1315 études cliniques.

Bone Therapeutics

Peu après son introduction en Bourse début 2015, l’action Bone Therapeutics atteignait 24 euros. Actuellement, le titre végète autour de 9 euros. Une dégringolade qui s’est surtout matérialisée en 2015 avec un recul généralisé des biotechs, la fin de la période de lock-up (blocage des actions post introduction en bourse), des résultats scientifiques guère convaincants et la démission d’Enrico Bastianelli, fondateur et Directeur général. Depuis, c’est surtout le manque de trésorerie qui pose problème. La société n’avait plus que 9,1 millions en caisse fin septembre, de quoi tenir à peine 8 mois. Les prochaines échéances importantes ne sont toutefois attendues qu’au second semestre 2018. Fondamentalement, le potentiel commercial de ses traitements pose également question, tout particulièrement pour le plus avancé, le Preob. En tant que thérapie cellulaire autologue, ce traitement de la pseudarthrose (les os qui ne se ressoudent pas après une fracture) et de l’ostéosclérose (condensation osseuse) de la hanche devrait être vendu au moins 15 000 euros pour être rentable, soit bien plus cher que les interventions chirurgicales qu’il est censé remplacer : 2000 euros pour une greffe osseuse ou 10 000 euros pour une hanche artificielle.

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