Les banquiers vous promettent l’impossible

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Dans leur livre ” Investment : a history “, Norton Reamer et Jesse Downing tracent l’émergence d’une élite financière qui a surfé sur la démocratisation des investissements. Une industrie qui tellement grossi qu’il lui est désormais devenu impossible de tenir son engagement de livrer un rendement supérieur à la moyenne.

Dans leur ouvrage commun, Norton Reamer et Jesse Downing ont retrouvé les premières de gestion d’investissements plusieurs voire millénaires avant Jésus Christ. À l’époque, le capital était formé par des terres qui étaient cultivées par des esclaves. Dans la Grèce antique, d’anciens esclaves se sont essayés à la pratique douteuse du crédit. Ce n’est que dans l’Empire romain que la notion d’investissement va se désenvelopper et surtout que le métier de banquier va commencer à être quelque peu valorisé.

De la démocratisation à une nouvelle élite

Avec la période des révolutions, une partie grandissante de la population dispose d’un capital. Cette démocratisation aboutit depuis le siècle dernier à une explosion des montants sous gestion. Loin du statut peu enviable de leurs lointains aïeuls, les gestionnaires forment désormais une “nouvelle élite” pointent les deux auteurs, eux-mêmes membres du sérail de Wall Street. En 2010, les 25 principaux gestionnaires de hedge fund ont ainsi gagné quatre fois plus que les patrons des entreprises du S&P 500. Soit un salaire moyen 80 fois supérieur aux patrons des 500 principaux groupes américains allant d’Apple à Goldman Sachs en passant par Coca-Cola ou Nike.

Une promesse intenable

Les seuls fonds de pension aux États-Unis pèsent désormais 24 000 milliards de dollars selon Norton Reamer et Jesse Downing. Les frais de gestion sont toutefois restés élevés, les gestionnaires promettant un rendement supérieur à la moyenne sur le long terme. “La théorie d’efficience des marchés implique qu’aucun gérant ne peut réaliser un rendement (ajusté des prises de risques) substantiellement supérieur”. Une thèse validée par une étude des performances des différents véhicules d’investissement pointent les auteurs.

La gestion passive casse les prix

Un nouveau type de placement connait toutefois un développement rapide depuis près d’une décennie : les fonds gérés passivement, c’est-à-dire se contentant de refléter un indice de référence (sur actions, obligations, matières premières, etc.) comme les ETF. En 2004, ils ne représentaient encore qu’une infime partie des investissements. Dix ans plus tard, ils pesaient 11% des fonds gérés, une part qui devrait monter à 22% d’ici 2020. Leur principal atout est un niveau de frais extrêmement réduit de moins d’un pour cent (et parfois même moins de 0,10%) contre par exemple 2% de frais de gestion et 20% de commission de performance pour un hedge fund classique. La performance nette (frais déduits) des fonds gérés passivement s’avère ainsi en moyenne supérieure aux fonds gérés activement. En conclusion, l’investisseur lambda retirera un meilleur rendement en acquérant quelques ETF (reflétant par exemple les actions européennes, les obligations internationales et l’or) qu’en plaçant son épargne sur une série de fonds proposés par son banquier.

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