Les maîtres du pétrole doivent payer le prix

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Chute historique des stocks, demande revue à la baisse, contrôle de l’offre, le marché pétrolier connait des semaines agitées. Le prix du baril de Brent demeure pourtant très stable, sous la férule de l’Arabie Saoudite et de la Russie, au grand dam des majors pétrolières.

Le dernier G20 au début du mois a été marqué du sceau des discussions entre pays producteur de brut (OPEP et Russie) pour contrôler l’offre de brut. Une nouvelle tentative qui apparait déjà vouée à l’échec, avant même la réunion prévue le 28 septembre. Après l’Iran ce printemps, c’est l’Irak qui pourrait faire capoter tout accord. Du moins officiellement. Dans les faits, aucun protagoniste ne limite (volontairement) sa production, l’Arabie Saoudite et la Russie – les deux premiers producteurs mondiaux – affichant même des niveaux de production record. À un point tel que les observateurs doutent qu’un accord sur un gel de la production aurait un quelconque impact, les gisements tournant à plein régime dans les pays concernés à l’exception du Nigéria (sabotage) et du Venezuela (situation économique).

Surcapacité persistante selon l’AIE

Les stocks de brut ont pourtant connu une chute historique de plus de 14 millions de barils il y a 2 semaines aux États-Unis, une conséquence de la fermeture de plateformes dans le Golfe du Mexique en raison de la menace des ouragans. Structurellement, l’Agence internationale de l’Énergie a au contraire abaissé ses prévisions de demande mondiale, sous l’effet notamment du ralentissement de l’économie en Asie. La surcapacité de production de pétrole devrait ainsi perdurer au moins jusqu’au premier semestre 2017.

Des prix bas, des volumes élevés

Si l’excédent demeure, le responsable n’est plus le même. Lorsque le pétrole a amorcé sa chute en 2014, la hausse de la production de pétrole aux États-Unis avait clairement déséquilibré le marché. Depuis, le développement du pétrole de schiste a connu un coup d’arrêt et la production américaine a chuté de près de 12% ou 1,1 million de barils par jour. L’OPEP et la Russie n’en ont toutefois pas profité pour faire remonter les prix, préférant augmenter leur production. À court terme, la principale explication est qu’une remontée des cours à plus de 50-60 dollars le baril relancerait l’industrie du pétrole de schiste US. Structurellement, un prix moins élevé favorise la demande (comme l’illustre notamment le rebond des ventes de pick ups aux États-Unis) et décourage la recherche d’alternatives, susceptible d’entrainer un pic de la consommation de pétrole redouté depuis longtemps par l’Arabie Saoudite.

Éviter une nouvelle rechute des cours

Les principaux producteurs semblent ainsi s’être résignés à un prix plus bas du pétrole (-60% par rapport à l’été 2014), synonyme de crise au Venezuela, de récession en Russie et d’austérité en Arabie Saoudite. Pour limiter les dégâts, l’Arabie Saoudite et la Russie semblent surtout s’atteler à endiguer toute rechute par rapport au niveau actuel, ayant ainsi annoncé des discussions concernant un gel de la production après les deux creux connus par le prix du Brent en 2016…

Triple peine pour les majors pétrolières

Ce qui ne fait pas les affaires des grands groupes pétroliers, subissant une triple peine. Primo, les profits issus de la production de pétrole et de gaz ont fondu plus rapidement que le prix du baril. Secundo, la stabilité des cours est néfaste aux activités de trading, très rentables en période agitée comme en 2014-2015 ou 2008-2009. Tertio, les marges de raffinage sont revenues à un peu plus de 4 dollars par baril selon Neste, comme en 2013-2014 mais très loin des 10-12 dollars d’il y a un an.

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