Les parts de sociétés coopératives sont-elles un bon moyen d’obtenir un rendement décent en soutenant l’économie locale?

ENERGIES ALTERNATIVES. Les coopératives actives dans l'exploitation de parcs éoliens sont nombreuses. Leurs dividendes sont fort volatils. © Belgaimage

Taux bas, actions risquées, les épargnants se tournent de plus en plus volontiers vers des alternatives.

Selon le dernier rapport d’activités de Febecoop, la Belgique comptait 25.405 sociétés coopératives représentant 5,5% du PIB du pays. La tendance est plutôt baissière, s’agissant de l’ensemble des entreprises ayant adopté une forme coopérative (SCRL), mais ne poursuivant pas forcément l’idéal coopératif. Une zone d’ombre qui devrait disparaître avec la réforme du droit des sociétés. Si l’on se concentre sur les sociétés ayant reçu l’agrément du Centre national de la coopération (CNC), elles sont beaucoup moins nombreuses, mais en croissance à environ 600 en 2017. On y retrouve des coopératives plutôt professionnelles comme Febelco qui s’adresse aux pharmaciens indépendants, la coopérative laitière Milcobel ou la criée coopérative BelOrta.

Un cadre strict

Enfin, on retrouve les coopératives qui s’adressent aux épargnants, actifs ou passifs. Vous ne pouvez généralement pas investir plus de 5.000 euros dans une coopérative et devez respecter un cadre bien défini. Pour vendre vos titres, vous devez demander leur remboursement, ce qui ne peut souvent se faire qu’à certaines dates. Pour quitter la société, vous ne vendez pas vos titres, mais vous devez démissionner de votre fonction de coopérateur, ce qui ne peut se produire aussi qu’à certaines dates. Les parts sont remboursées traditionnellement à leur valeur de départ, ce qui en fait un produit de rendement.

Légalement, le dividende est plafonné à 6%. Depuis la réforme fiscale entrée en vigueur en 2018, un précompte mobilier de 30% est retenu. Mais vous pouvez le récupérer dans le cadre de l’exonération de dividendes des coopératives et sociétés cotées. En 2019 (déclaration 2020), vous pouvez ainsi récupérer via votre déclaration fiscale le précompte mobilier retenu sur 800 euros de dividendes.

Les parts de sociétés coopératives sont-elles un bon moyen d'obtenir un rendement décent en soutenant l'économie locale?

Banque et assurances

Globalement, on peut répartir les coopératives s’adressant aux épargnants en quatre groupes. Le premier groupe est essentiellement constitué des plus anciennes coopératives comme Cera, première coopérative du pays avec 400.000 sociétaires. Son activité se résume désormais à la gestion de sa participation de 21% dans le bancassureur belge KBC. Le secteur financier compte d’ailleurs plusieurs grandes coopératives comme CrelanCo (Crelan), la banque CPH, Argen-Co (Argenta), ou la banque citoyenne en développement NewB. L’assureur P&V propose également depuis peu des parts coopératives à ses clients. A l’exception de NewB, vous pourrez compter sur des dividendes réguliers dans des circonstances économiques normales.

En période de crise, les coopérateurs peuvent toutefois être mis à la diète. Cera avait par exemple fait l’impasse sur le dividende en 2011 et n’avait offert qu’une rémunération de 0,5%. Une décision qui découlait du tarissement de dividendes reçus de KBC en pleine crise financière. Les coopérateurs d’Arcopar ont pour leur part perdu encore bien davantage ( lire l’encadré ” Etre coopérateur, c’est être actionnaire “).

Energies alternatives

Le deuxième groupe rassemble les nombreuses coopératives actives dans l’énergie et surtout dans l’exploitation de parcs éoliens. Leurs objectifs vont toutefois généralement bien plus loin, englobant le soutien d’autres projets d’énergies alternatives ou d’initiatives durables locales. Le dividende est bien plus volatil que pour le premier groupe.

Les coopératives ne peuvent évidemment verser un dividende que lorsque le projet est opérationnel. Des taxes communales ou le financement de projets à finalité sociale peuvent aussi influencer le dividende. Ecopower, une des principales coopératives dans le domaine des énergies alternatives (éolien, photovoltaïque, pellets) avec 58.000 sociétaires, n’a ainsi pas versé de dividende pour l’année 2018. Elle a en effet subi une perte nette de 1,25 million d’euros en raison de ses investissements dans une fabrique de pellets, de corrections comptables et la faillite d’un partenaire.

D’autres avantages peuvent être associés aux parts de coopérateur. Il faut par exemple détenir au moins une part d’une coopérative associée pour pouvoir devenir client du fournisseur d’énergie Cociter, recommandé par Greenpeace. Les coopérateurs de Lampiris Coop bénéficient d’une réduction de 30% sur l’énergie du fournisseur éponyme.

Alimentation bio

Ces dernières années ont vu se développer des coopératives dans l’alimentation, ciblant tout particulièrement les produits locaux et bios. En tant que coopérateur de Bees Coop, Bloum, Coopéco ou WooCoop, votre engagement dépasse le cadre du financement. Chez WooCoop, cela implique par exemple aussi de venir travailler 3 h par mois à l’épicerie et d’y faire ses courses.

Färm a toutefois pris le contre-pied de cette tendance. Le modèle d’affaires de la société est également tout autre. Färm développe en effet une véritable enseigne comptant déjà une dizaine de magasins. A terme, la coopérative espère ainsi offrir un dividende à ses coopérateurs. Il n’est toutefois pas possible de souscrire de nouvelles parts actuellement.

Microfinance

La quatrième catégorie de coopératives regroupe celles spécialisées dans la microfinance. Ces sociétés sont essentiellement actives dans les pays émergents. Alterfin se concentre par exemple sur les zones rurales des pays à faibles et moyens revenus, finançant notamment l’agriculture durable.

Au niveau fiscal, les investissements dans des coopératives actives dans le microcrédit donnent droit à une réduction d’impôts équivalent à 5% du montant investi. L’avantage fiscal est plafonné à 330 euros par an, soit des investissements maximums de 6.600 euros. A noter que vous devez conserver les parts pendant au moins cinq ans pour garder le bénéfice de cette réduction d’impôts.

Incofin offre un dividende stable et plutôt élevé par rapport à ses pairs. Alterfin propose par contre à ses coopérateurs de réinvestir leurs dividendes dans la société ou de les donner au Fonds de garantie Alterfin dont le rôle est de faciliter l’accès au crédit des populations du Sud.

Etre coopérateur, c’est être actionnaire

Une part d’une société coopérative constitue un titre de propriété partiel comme une action. Vous pouvez ainsi voter aux assemblées générales, mais risquez aussi de perdre votre mise comme l’a malheureusement démontré la chute du groupe Arco, ancien actionnaire de référence de Dexia. A la suite du sauvetage de la banque franco-belge, les parts d’Arcopar se sont retrouvées sans valeur. Après moult rebondissements, les coopérateurs ne savent toujours pas s’ils recevront une indemnisation de l’Etat, les parts leur ayant été vendues comme des investissements sans risques. Une bonne surprise est également possible comme l’illustre la fusion Cera-Kredietbank-ABB en 1998. Après trois années de procédures, les (anciens) sociétaires de Cera ont obtenu leur part du gâteau. Leurs parts coopératives d’une valeur nominale de 1.000 BEF valaient tout à coup 5.000 BEF…

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