“Les perspectives de croissance dans le digital restent significatives”

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Axa Investment Managers investit dans la stratégie des fonds thématiques, que le groupe français juge plus pertinents que ceux réunissant simplement des secteurs spécifiques. Explications avec Jeremy Gleeson, gestionnaire du fonds Axa WF-Framlington Digital Economy.

Jeremy Gleeson est gestionnaire de fonds sur le secteur technologique depuis 1997, et plus particulièrement depuis 2007 avec le fonds d’Axa Investment Managers (IM). Il participe aujourd’hui au bouleversement en cours dans le groupe français. ” Il y a de cela quelques années, nous avons commencé à nous intéresser au secteur de la robotique, mais il était trop étroit pour construire une stratégie spécifique. Nous avons ensuite eu l’idée d’élargir le point de vue en développant un produit exposé sur un ensemble de secteurs qui allaient être impactés favorablement par la robotique. Cela nous a aussi ouvert les yeux sur le fait que dans le futur, les secteurs seraient moins importants que les thèmes sur lesquels un fonds va investir. ” Résultat : le fonds Axa WF-Framlington Robotech va rapidement voir ses encours sous gestion exploser à plus de 5 milliards d’euros, un succès important chez un gestionnaire qui était surtout connu jusqu’ici pour son expertise obligataire et ses fonds mixtes.

Disruption

Toujours géré par Jeremy Gleeson, Axa WF-Framlington Digital Economy est en effet le parfait exemple de ces nouveaux fonds thématiques. Proposé par Axa IM, il réunit des entreprises situées dans de nombreux secteurs différents (consommation, industrie, distribution, logistique, immobilier, etc.). ” Ce n’est clairement pas un fonds technologique dans le sens traditionnel du terme, explique-t-il. Mais il est appelé à profiter de la transition digitale de l’économie. ”

Nous accordons une grande importance à la qualité des équipes dirigeantes et à leur capacité à s’adapter à un environnement changeant.” Jeremy Gleeson (Axa Investment Managers)

Dans l’absolu, Jeremy Gleeson estime d’ailleurs que la digitalisation des économies n’en est encore qu’à ses débuts, avec une marge de progression qui reste très importante. ” Les millennials, qui vivent connectés depuis toujours, sont encore loin d’avoir atteint leur sommet en terme de dépenses. ” Pour autant, certains segments résisteront mieux que d’autres à la montée en puissance de cette économie, comme par exemple celui des voyages. ” Ces dernières années, la croissance est certes essentiellement venue des activités en ligne, mais la part des ventes effectuées dans les agences de voyages reste encore stable, détaille-t-il. Notamment parce que les pensionnés, dont le pouvoir d’achat est le plus important, continuent d’utiliser leurs services. Mais à un moment ou à un autre, la balance va évidemment finir par pencher dans l’autre sens. ”

Quatre segments

Dans la pratique, Axa WF-Framlington Digital Economy va être exposé sur quatre grands ensembles de sociétés, qui représentent chacun entre 20 et 35 % des actifs sous gestion. Le premier groupe, appelé ” Discovery “, renferme les sociétés qui cherchent à connaître les consommateurs, et à diriger les efforts marketing vers les bonnes personnes. ” En étant en mesure de cibler très précisément leurs consommateurs, ces sociétés peuvent aujourd’hui être beaucoup plus efficaces que les annonces dans les médias classiques. En outre, elles peuvent donner des indications en temps réel sur la manière dont une campagne fonctionne, et ajuster éventuellement le tir. ” Parmi les sociétés figurant dans cette branche, notons des noms tels qu’Alphabet, Adobe ou HubSpot.

” Decision “, le deuxième groupe de sociétés du portefeuille, est le plus large. ” Nous touchons ici à beaucoup plus de marchés finaux, comme le voyage en ligne ou les jeux vidéos. ” ” Deliver “, le troisième groupe de sociétés, est ” clairement ce qui fait vraiment l’originalité de notre produit par rapport aux fonds concurrents. Dans le monde du commerce digital, toutes les sociétés sont comparées au standard Amazon, même si elles n’ont pas les mêmes ressources. Dans cette optique, des sociétés comme Paypal ou Deutsche Post sont des alternatives intéressantes à détenir “. Jeremy Gleeson souligne également les perspectives offertes par un groupe américain tel que Prologis, qui propose des entrepôts partagés aux sociétés ne disposant pas d’une taille suffisante.

Enfin, ” Data & Enablers ” rassemble les sociétés qui soutiennent cette transformation digitale de l’économie, et qui sont cruciales dans l’émergence des entreprises de la nouvelle génération. ” Salesforce.com ou Twilio sont des groupes qui permettent de développer une stratégie en ligne sans devoir mettre en place son propre système, indique encore Jeremy Gleeson. Twilio est également un moyen de s’exposer sur l’économie du partage, puisque que les grands groupes dans ce domaine (Uber ou Airbnb) ne sont pas encore cotés .”

Forte croissance

” Le processus d’investissement est similaire à celui que j’emploie depuis 2007, poursuit le gestionnaire. A savoir une exposition de long terme sur certaines thématiques, en visant les entreprises de croissance qui seront en mesure de conserver un rythme de progression rapide, avec un taux de rotation annuel qui tournera typiquement entre 20 et 30 %. Dans cette optique, j’accorde une grande importance à la qualité de l’équipe dirigeante et à sa capacité à s’adapter à un environnement changeant. ” A ce sujet, on notera que Jeremy Gleeson a gardé sa confiance dans Facebook, en dépit des difficultés traversées récemment par le groupe. ” Nous avons même relevé quelque peu notre position sur le titre après la baisse du cours. ”

Précision : il faut également que l’entreprise ait une grande pureté thématique pour être incluse dans le portefeuille. ” Au moins 70 % de nos positions doivent afficher un taux élevé en cette matière, conclut le gestionnaire, qui rappelle que la stratégie du fonds vise des valeurs de croissance . La valorisation d’un titre sera toujours prise en considération en fonction de ses perspectives de croissance. “

Axa IM pousse sa gamme

On l’a dit, depuis quelques années, le gestionnaire français s’est lancé dans les fonds thématiques, un mouvement qui est appelé à s’accélérer durant les prochains mois. Le premier à arriver sur le marché belge fut le fonds spécialisé sur la robotique et l’automation (Axa WF-Framlington Robotech), mais plusieurs autres ont suivi ces derniers mois, notamment le fonds spécialisé sur l’économie digitale géré par Jeremy Gleeson ou celui qui privilégie les entreprises qui accordent une importante à la place des femmes dans l’entreprise (Axa WF-Framlingon Women Empowerment).

” Le monde actuel change de plus en plus rapidement, avec des évolutions démographiques et technologiques majeures qui affectent un grand nombre de secteurs “, souligne Mark Hargraves, head of global strategies chez Axa IM. Pour les responsables du groupe, il fait donc aujourd’hui davantage sens de proposer des produits thématiques qui concernent un grand nombre de secteurs, avec une gamme qui se développe dans plusieurs grandes directions : l’économie digitale, le vieillissement de la population, la robotisation ou les technologiques propres. Matthew Lovatt, head of Axa IM Framlington Equities, explique que “ces segments devraient continuer à dégager des croissances bénéficiaires supérieures à 10 % durant les prochaines années, et offrent des perspectives attractives aux investisseurs qui cherchent à s’exposer sur les marchés sur le long terme”. Durant les mois à venir, plusieurs nouveaux produits devraient faire leur apparition sur le marché belge, sur les thématiques de la longévité, des technologies propres, des fintechs, et de la montée en puissance des consommateurs émergents. “Nous proposerons également un fonds global qui reprendra les meilleures idées d’investissement sur l’ensemble de ces thématiques”, termine Matthew Lovatt.

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