Les trackers sur les talons des sicav

Les ménages belges possèdent un joli bas de laine. Nous savons que près de 240 milliards EUR sont stationnés sur les comptes d’épargne réglementés en Belgique. Le patrimoine financier total des ménages fluctuerait autour de 1.000 milliards EUR.

Ce patrimoine est placé dans une foule d’instruments (actions, obligations, oeuvres d’art, fonds de placement, compte à terme, etc.). Pour diversifier les risques et éviter les soubresauts, il est souvent recommandé d’investir dans une société de placement.

Dans l’esprit ” beaucoup de petits font un grand “, la SICAV centralise les économies de nombreux investisseurs. Le patrimoine collecté est ensuite investi selon la stratégie décrite dans le prospectus, puis soumis à une gestion active. Une telle gestion active a cependant un coût. L’objectif est de faire de mieux que l’indice.

Déclin

Mais que révèlent aujourd’hui les chiffres de la BEAMA (Association belge des Asset Managers) ? Le patrimoine investi dans des fonds s’effondre. En quelques années à peine, il est retombé d’environ 175 milliards EUR à 105 milliards EUR. L’explication serait la récente augmentation de la taxe sur l’épargne.

Mais peut-être y a-t-il une autre raison que le simple aspect fiscal. Notamment le fait que les sicav subissent de plein fouet la concurrence des trackers. Ce n’est naturellement pas le cas des SICAV ” performantes “. Celles-ci valent leur prix. Mais les sicav qui ne battent pas systématiquement l’indice sont abandonnées au profit des trackers.

L’émergence du tracker

Un tracker combine la liquidité et les bas coûts d’une action et la diversification d’une sicav. Pour résumer : un tracker suit un indice donné. D’où son nom. Les investisseurs ne sont donc plus confrontés à la (sous-)performance de gestionnaires individuels. Seul l’indice compte. Si l’indice augmente, la valeur du tracker suit. L’absence de gestion réduit les frais de manière spectaculaire. Simultanément, les trackers affichent la liquidité des actions. Vous pouvez vendre votre tracker et empocher la plus-value d’un simple clic de souris.

Les trackers ont le vent en poupe. Fiscalement, ils peuvent aussi être intéressants. Dans le cas d’un tracker de ” distribution “, les dividendes seront imposés à 25 %. Les autres trackers capitalisent les dividendes perçus. Si le résultat est réalisé par le biais d’une vente sur le marché secondaire, la plus-value n’est pas taxée dès lors qu’elle s’inscrit dans la gestion normale d’un patrimoine privé. Enfin, certains trackers fonctionnent comme des sicav de capitalisation, et sont donc soumis au même régime fiscal. Soit 25 % d’impôts si le tracker est investi à plus de 25 % dans des instruments de dettes et est muni d’un passeport européen.

Vu ses nombreux avantages, il semble logique que les trackers ravissent des parts de marché aux SICAV. Cela veut-il dire que la sicav est condamnée ? Non, bien sûr. Mais sa position sera remise en cause. Les rendements historiques gagneront en importance. Les SICAV facturent des frais plus élevés parce qu’elles ont pour ambition de battre l’indice, et doivent donc faire l’objet d’un suivi plus actif. Celles qui n’y parviennent pas vont disparaître. Les SICAV de qualité vont survivre.

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Anton van Zantbeek

Rivus Advocaten

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