Les trois secteurs en vue sur les Bourses européennes

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Décote, accélération de la vaccination, entreprises cycliques, les Bourses européennes cochent toutes les bonnes cases dans l’environnement actuel. C’est (enfin) le moment de miser sur le Vieux Continent!

L’Europe a le vent en poupe sur les marchés. Signe de l’attrait des investisseurs pour les actions européennes, le fonds indiciel iShares MSCI Eurozone ETF a vu affluer 1,1 milliard de dollars sur la seule journée du 7 juin, pulvérisant son record quotidien. Selon Bloomberg, un investisseur a passé un ordre d’achat de 977 millions de dollars sur cet ETF misant sur les principales entreprises de la zone euro. En mai, les investisseurs américains avaient déjà investi plus de 4 milliards de dollars en ETF sur les actions européennes, un plus haut depuis 2015. Cet afflux peut paraître surprenant alors que les Bourses européennes sont à la traîne par rapport à Wall Street depuis de très nombreuses années. Mais la tendance s’est inversée le 9 novembre, le jour où Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur vaccin contre le Covid-19 était efficace à plus de 90%. Depuis, le Stoxx Europe 600 affiche un gain de 24% contre 20% pour son homologue américain, le S&P 500. Nombre d’investisseurs estiment que cette tendance va se poursuivre alors que “l’Europe a de nombreux atouts à faire valoir”, selon Matthew Bartolini, responsable de la recherche chez State Street Global Advisors. Il souligne notamment la décote des valeurs européennes. Selon un modèle mis au point par State Street Global Advisors, intégrant notamment le ratio cours/bénéfices ou le rapport cours/valeur comptable, la valorisation actuelle des actions européennes est quasiment au plus bas depuis 15 ans, se situant dans le premier centile. Une action bon marché n’est toutefois pas forcément synonyme d’opportunité si la décote est justifiée, par exemple par des perspectives bénéficiaires moindres. C’est ce qui explique que les Bourses européennes, déjà bon marché, aient continué à perdre du terrain jusqu’en novembre. Avant le lancement de la vaccination, les valeurs technologiques jouissaient clairement de perspectives financières plus favorables, étant bien moins affectées par les mesures sanitaires, voire en profitaient.

Avant de liquider toute vos positions à l’international pour vous concentrer sur l’EuroStoxx 50 ou le Stoxx 600 Europe, n’oubliez pas que la meilleure protection reste la diversification.

Cap sur les actions “value”

La vaccination a redonné des perspectives de redémarrage des activités économiques qui commencent à se concrétiser. Les Etats-Unis ont par exemple affiché une croissance de 6,4% en rythme annualisé au premier trimestre. En Bourse, cela s’est traduit par une reprise des secteurs cycliques (industrie, consommation, tourisme, etc.), sensibles à la conjoncture. Le style value (dont les secteurs cycliques et financiers) a ainsi renversé la vapeur par rapport au style croissance (actions technologiques, biotechs, etc.). Au niveau mondial, le MSCI World Value affiche ainsi une progression de 16,7% sur les cinq premiers mois de l’année contre 6,5% pour le sous-indice mondial des valeurs de croissance, le MSCI World Growth. Pour Richard Halle, gérant de fonds chez M&G, “la rotation des valeurs de croissance vers les valeurs de rendement ou value ne fait que commencer”, l’écart de valorisation n’ayant jamais été aussi important. Emmanuel Cau, stratégiste en chef chez Barclays, souligne même que la valorisation des actions value n’augmente pas actuellement, la hausse des cours étant plus que compensée par la croissance des bénéfices. Parmi les facteurs soutenant cette hausse des bénéfices, retenons notamment la reprise économique, l’accélération de l’inflation (hausse des prix de vente de produits de consommation), l’appréciation des matières premières (secteur minier) ou la remontée des taux (soutenant les actions financières). Tout profit pour les Bourses européennes, bien plus dépendantes des actions de type value que Wall Street où Google/Alphabet, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft mènent la danse.

Les trois secteurs en vue sur les Bourses européennes

Vaccination et redémarrage

Le second moteur de la récente surperformance des actions européennes est l’accélération de la vaccination en Europe. De fin décembre à début février, l’indice EuroStoxx 50 regroupant les 50 principales actions de la zone euro a connu un ralentissement tant par rapport à Wall Street qu’à la Bourse de Londres alors que l’Union européenne était à la traîne en matière de vaccination. Depuis l’accélération de la campagne, les perspectives économiques se sont éclaircies.

Fin mai, l’OCDE a ainsi relevé ses prévisions de croissance pour l’Union européenne à 4,3% en 2021 et 4,4% en 2022. Outre le redémarrage des économies, le plan de relance paneuropéen NextGenerationEU, doté de 750 milliards d’euros, devrait commencer à soutenir la croissance à partir du second semestre 2021.

Preuve de cette confiance retrouvée des marchés dans la fin de la crise sanitaire sur le Vieux Continent, le secteur européen du voyage et des loisirs (Stoxx 600 travel & leisure) a rebondi de 27% depuis la fin janvier.

Les rachats d’actions

Depuis avril, la remontée des Bourses européennes est également soutenue par une actualité microéconomique favorable. Au début de la saison des résultats du premier trimestre, les analystes tablaient en moyenne sur un rebond de 61% des profits des entreprises du Stoxx 600 Europe selon le consensus de Refinitiv. Début juin, en fin de saison des résultats, la prévision moyenne était une croissance de 95,4% des profits. Parmi les entreprises ayant dévoilé leurs chiffres trimestriels, 72,5% ont fait mieux que prévu, largement mieux que la moyenne historique (51%). Et les perspectives sont favorables pour les prochains trimestres. Selon le consensus actuel, les entreprises européennes devraient globalement renouer avec les bénéfices de 2019, avant la pandémie, aux deuxième et troisième trimestres et même afficher une croissance au quatrième.

Pas tout rose

Thomas Planell, gérant-analyste chez DNCA, souligne également que “les bilans sont gorgés de cash: les liquidités disponibles représentent près de 15% des actifs des entreprises du Stoxx Europe 600, du jamais-vu depuis 2002”. “Pour certaines directions financières, la situation est donc suffisamment porteuse pour accélérer les investissements dans l’innovation.” Pour d’autres, “ces disponibilités offrent l’occasion de saisir des opportunités de croissance externe ou d’optimiser leur bilan: reprise des dividendes, rachats de minoritaires, renforcement des parts de marché au travers d’acquisitions”. Enfin, “les directions financières pourraient également débloquer 150 milliards d’euros pour réduire le nombre de leurs actions en circulation”, des rachats d’actions propres qui seraient ainsi 25% supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et soutiendraient les Bourses européennes. La cause semble donc entendue. Pour les analystes de Morgan Stanley, “il y a de bonnes chances que l’Europe dépasse toutes les grandes régions cette année pour la première fois au cours d’une année civile depuis 2000”. Avant de liquider toute vos positions à l’international pour vous concentrer sur l’EuroStoxx 50 ou le Stoxx 600 Europe, n’oubliez toutefois pas que la meilleure protection reste la diversification. Par ailleurs, les perspectives ne sont pas dénuées de risques. Il y a quelques semaines, Standard & Poor’s évoquait la trappe à liquidités menaçant l’économie européenne. Selon l’agence, l’Europe doit veiller à la mobilisation de l’épargne et des liquidités, notamment en achevant l’Union des marchés des capitaux et évitant de maintenir en vie des entreprises zombies qui en dissuaderaient d’autres d’investir. Par ailleurs, selon la dernière enquête de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds mondiaux, les actions de la zone euro sont actuellement les plus surpondérées. De nombreux investisseurs institutionnels se sont donc déjà repositionnés, ce qui risque de freiner le rebond. Si une surpondération des actions européennes se justifie par les tendances actuelles sur les marchés et la conjoncture, il convient donc de ne pas oublier la diversification et surtout d’agir envers les secteurs qui profitent le plus du contexte présent.

Trois secteurs en vue

Nous avons repris ci-dessous les trois secteurs les plus en vue en Europe, tant pour leur aspect value que leur exposition au cycle économique, avec une sélection de titres et de fonds indiciels ETF pour chacun.

  • Secteur bancaire. Connaissant une véritable résurrection depuis la fin septembre, le secteur bancaire bénéficie d’une conjonction d’éléments favorables avec des faillites (et donc des pertes sur crédits) relativement limitées par rapport à ce qu’on aurait pu craindre, et cela grâce aux aides publiques, à des financements à taux négatifs octroyés par la Banque centrale européenne (BCE), à la remontée des taux d’intérêt à long terme offrant des perspectives d’amélioration de la rentabilité. La revalorisation du secteur bancaire s’est accélérée depuis le début de la publication des résultats du premier trimestre. Les financières européennes ont vu leurs bénéfices rebondir de 150% et affichent la meilleure surprise moyenne (35% de mieux par rapport au consensus). En termes de perspectives, l’évolution des faillites et surtout les taux à long terme, comme le 10 ans belge, sont les principaux baromètres à surveiller. Afin de miser sur le secteur bancaire, les grandes banques locales et des pays limitrophes (BNP Paribas Fortis, ING, KBC, etc.) font tout à fait l’affaire, tout comme l’ETF iShares Stoxx Europe 600 Banks (Bourse de Francfort ; DE000A0F5UJ7 ; frais annuels de 0,46%) qui rassemblent une quarantaine d’établissements financiers majeurs en Europe.
  • Secteur des services et biens industriels. Signe du contraste important entre les deux confinements pour l’industrie, les profits du secteur ont plus que quintuplé au premier trimestre par rapport à la même période de 2020. En Bourse, le secteur a déjà largement dépassé son niveau d’avant la pandémie. Les analystes demeurent toutefois confiants, notamment vis-à-vis de la société d’ingénierie suédoise AF Pöyry (note moyenne des analystes de 10 sur 10 selon le consensus de MarketScreener), du groupe industriel diversifié néerlandais Aalberts (9,17 sur 10), du groupe papetier irlandais Smurfit Kappa (9,17 sur 10), du conglomérat allemand actif dans l’armement et l’automobile Rheinmetall (8,83 sur 10) ou du groupe diversifié allemand ThyssenKrupp (8,75 sur 10). Historiquement, les sociétés d’intérim, comme Randstad ou Adecco, sont aussi très liées au niveau d’activité économique, surtout dans l’industrie. S’agissant d’un secteur très diversifié et comptant de nombreux membres – le Stoxx 600 Services et biens industriels compte 97 valeurs -, l’option du fonds indiciel est intéressante pour se positionner, comme le Lyxor Stoxx Europe 600 Industrial Goods & Services (Euronext Paris ; LU1834987890 ; frais annuels 0,30%).
  • Secteur minier. Les prix record atteints en mai par le cuivre ou le minerai de fer vont faire décoller les profits du secteur minier, à commencer par les géants cotés à Londres BHP et Rio Tinto. Le second cote ainsi moins de sept fois les bénéfices prévus pour cette année malgré le fait que l’action a récemment atteint des sommets. Les perspectives restent plutôt favorables, les prix des matières premières étant soutenus par une offre limitée (après des années de sous- investissement) et une demande importante (notamment liée aux investissements dans les infrastructures). Dans le secteur plus large des matériaux de base, les analystes plébiscitent aussi le géant mondial de la sidérurgie ArcelorMittal qui produit 65% de ses besoins en minerai de fer et le géant suisse du négoce et des mines Glencore. L’ETF iShares Stoxx Europe 600 Basic Resources (Bourse de Francfort ; DE000A0F5UK5 ; frais annuels de 0,46%) réunit ces différentes entreprises.

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