Où s’arrêtera la dégringolade boursière de Solvay ?

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Ayant déjà perdu 40% de sa valeur depuis ses sommets d’avril, le groupe chimique fait désormais face à une méfiance grandissante de la part des analystes et des agences de notation financière. Jean-Pierre Clamadieu poursuit toutefois sa stratégie visant à concentrer le groupe sur les activités d’avenir.

Exposition aux pays émergents

La récente chute Solvay est évidemment directement liée aux craintes entourant les pays émergents en général et la Chine en particulier. Le groupe chimique belge a depuis toujours été enclin à l’internationalisation, avec des réussites et des déboires comme lors de la révolution bolchévique en 1917. Au cours des 9 premiers mois de 2015, il a ainsi réalisé 45% de son chiffre d’affaires en Amérique et Asie (+reste du monde), des zones suscitant désormais la méfiance des investisseurs.

Un rachat très (trop ?) onéreux

La correction boursière de Solvay a également été aggravée par l’acquisition de l’Américain Cytec jugée trop onéreuse (5,5 milliards de dollars). L’opération ne sera pas relutive sur le profit par action avant 2017, au mieux. Ce qui n’est pas sans rappeler d’autres rachats du groupe ces dernières années comme Ryton PPS (relutive à partir de 2018) ou Chemlogics, fournisseur de spécialités pour l’exploitation pétrolière plombé par la chute des cours du brut. Solvay a parallèlement vu sa situation financière se dégrader malgré une augmentation de capital. Standard & Poor’s a ainsi abaissé son rating de deux crans à BBB-, à la frontière entre émetteur solide et “spéculatif”. Oblis souligne qu’une nouvelle dégradation pourrait coûter cher au groupe, ses obligations à échéance 2022 et 2027 d’un montant de 1,25 milliards prévoyant un relèvement du taux de 1,25% si la note de Solvay passe en catégorie spéculative.

Stratégie coûteuse à court terme

Le groupe chimique envisagerait (selon des rumeurs persistantes) de se séparer d’activités ne collant plus à sa stratégie de croissance à long terme comme la branche polyamide (très dépendante d’activités cycliques) ou Acetow (fabricant de la matière utilisée pour les filtres à cigarettes). Les analystes de Degroof Petercam soulignent toutefois que ces cessions sont réalisées suivant des valorisations bien inférieures aux activités achetées. Solvay avait ainsi cédé Eco Services (producteur d’acide sulfurique aux États-Unis) pour 8 fois l’excédent brut d’exploitation (EBE) alors qu’il a déboursé près de 15 fois l’EBE de Cytec pour mettre la main sur le groupe américain.

Investir pour les 150 prochaines années

À court terme, les résultats de Solvay risquent donc de se retrouver sous pression, ce que sanctionnent de plus en plus d’analystes. Sur les huit conseils recensés par Trivano depuis le début de l’année, on retrouve ainsi trois avis de vendre/sous-pondérer, 3 opinions neutres et seulement deux conseils d’acheter/accumuler (ING et KBC Securities). Selon le consensus, le titre n’est donc pas encore au bout de ses peines et n’intéressera que les investisseurs de long terme. Jean-Pierre Clamadieu, CEO depuis 2012, a en effet affirmé préparer le groupe pour un nouveau bail de 150 ans.

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