Pour un bon d’Etat moins chiche !

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Les Italiens se bousculent pour acheter leur propre dette publique, signale le quotidien économique De Tijd. Pourquoi pas les belges ?

Les épargnants italiens ont souscrit à une obligation à quatre ans indexée sur l’inflation pour 18 milliards d’euros. Plus du double des 7,8 milliards d’euros escompté. Le rendement promis devait être fantastique, pensez-vous ? En fait, il est appréciable sans plus : le taux de base s’élevait à 2,55 % à peine.

Bon d’État Leterme

Il y a environ un an, une émission avait récolté un succès comparable en Belgique. On la connaît désormais sous nom de Bon d’État Leterme. La réussite de cette émission est largement due aux circonstances. Les taux atteignaient des sommets. La Belgique menaçait d’être pris en tenaille par les marchés financiers. Le gouvernement avait alors décidé de proposer un taux très attrayant par rapport aux bons de caisse. Mais il restait inférieur à ce que qu’il devait payer sur les marchés financiers. Leterme avait donc pris la peine de lancer un appel en faveur du bon d’état. Vu la publicité faite à l’époque, le nouveau gouvernement s’est vu moralement obligé de ne pas porter l’imposition de cette émission à 21 % (+ éventuelle majoration de 4 %). Le précompte de 15 % a été maintenu. La conjonction de circonstance avait en effet permis de récolter 5,7 milliards.

Mais cette formule à succès n’a pas été reprise. Les émissions suivantes ont été négligées. L’Agence de la dette ne mise que sur les OLO. Ces OLO ont rapporté 34,89 milliards d’euros cette année. En revanche, les émissions de bons d’État n’ont pas permis de récolter plus de 0,12 milliards d’euros. Un montant incomparable.

Occasion manquée

Pourquoi l’État belge ne fait-il pas plus sérieusement appel aux investisseurs particuliers belges ? Dans la période d’incertitude que nous connaissons, ceux-ci débordent d’économies. Les comptes d’épargne belges accueillent pour plus de 200 milliards d’euros. Une source de financement presque inépuisable. Les entreprises l’ont déjà compris depuis longtemps. Elles nous inondent désormais d’émissions d’obligations. Des entreprises pour qui il était jusqu’à présent impensable de réussir le placement d’un tel titre peuvent désormais s’abreuver à l’envi des liquidités des investisseurs particuliers. Risque de débiteur, liquidité des titres, garanties et autres n’y changent rien. Seul compte le coupon.

Pour l’État, cette source de liquidités est encore plus avantageuse. Elle lui permet ainsi de se financer auprès d’un investisseur extrêmement stable, bien loin des aléas des marchés financiers. Une dette détenue par des Belges a un effet stabilisateur pour le pays. Par ailleurs, il évite ainsi la fraude fiscale (ce qui est interdit), mais aussi l’évasion fiscale (ce qui est autorisé). Les investisseurs recherchent des situations où ils ne doivent pas payer d’impôt. Il est toujours possible de les orienter vers certains fonds, assurances placement, etc. Mais ces produits ne rapportent pas un franc de contribution à l’État. Un bon d’État constitue en revanche une source de recettes prévisibles.

Mais pour avoir du succès, l’émission d’un bon d’État doit s’effectuer avec le sérieux nécessaire. Cela signifie que l’investisseur doit être gâté. Pourquoi des lors ne pas appliquer les avantages fiscaux du compte d’épargne au bon d’État ?

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Anton van Zantbeek

Advocaat Rivus

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