QE 3 a-t-il un impact (fiscal) sur votre portefeuille ?

© IMAGEGLOBE

Les industries développées appliquent depuis quelques années une politique monétaire particulièrement souple. La BCE, la Fed et la BoJ viennent d’annoncer de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire.

Après la QE 1 et la QE 2, Bernanke a annoncé récemment une très peu surprenante QE 3. Ce, quelques jours seulement après que son collègue européen Super Mario (Draghi) ait annoncé une initiative similaire et que la Banque du Japon ait encore assoupli une politique monétaire déjà particulièrement lâche.

Comme la dernière fois (il y a environ un an), ce feu d’artifice monétaire indispose le Brésil. Par la voix de son ministre des finances (Guido Mantega), celui-ci a déclaré que cette politique cachait en fait une guerre des devises. En effet, elle n’est pas menée pour relancer l’économie, mais les exportations. Car, poursuit Mantega, il y a déjà suffisamment de liquidités et les liquidités qui viennent s’ajouter ne partent pas dans l’industrie. Pourquoi les pays veulent une monnaie faible dans le contexte actuel de croissance limitée (et même peut-être de récession) ? La réponse est évidente. Une monnaie meilleur marché accroît la compétitivité. Et favorise donc les exportations.

Mais que doit penser l’investisseur ordinaire de ce petit jeu géopolitique ? Peut-il en tirer profit ? Avant de se jeter dans l’arène, cet investisseur doit savoir que les cours de change sont capricieux. Le franc suisse, par exemple, est passé en à peine trois ans d’un taux de change de l’ordre de 1,5 CHF/EUR à la presque parité, avant d’être maintenu ” artificiellement ” à 1,2 CHF/EUR depuis un an.

Il est possible de faire d’excellentes affaires sur les marchés des changes. Imaginez par exemple que vous ayez bloquée 100.000 EUR en dollars à un an le 24 juillet 2011. Vu le cours de change de l’époque, ce capital s’élevait à 143.000 USD. Pour bloquer cet argent à un an, vous avez obtenu par exemple un taux de 1,5 %. Un an plus tard, à savoir le 24 juillet 2012, votre compte à terme arrive à échéance. Vous êtes remboursé et percevez vos intérêts. Cela représente un principal de 143.000 USD, plus 2.145 USD d’intérêts. Bien entendu, le principal n’est pas imposé. Les intérêts sont taxés à 21 %. Peut-être devrez-vous également acquitter la taxe supplémentaire de 4 %. Vous décidez cependant de convertir ce montant de 145.145 USD en EUR. Le cours de la monnaie unique s’élève le 24 juillet 2012 à 1,2 USD/EUR. Cela signifie que vous récupérez un montant de 120.954 EUR, soit un rendement de près de 21 % ! Une excellente performance pour un simple placement monétaire.

Mais ce rendement est-il imposé ? Pour le savoir, nous devons revenir à la définition fiscale de l’intérêt. Celle-ci est large : les intérêts sont définis étant comme les ” intérêts, primes et tous autres produits de prêts “. Pour les titres à revenu fixe (comme les obligations), il faut encore y ajouter des montants perçus en plus du prix d’émission. Néanmoins, il y a des limites. Ainsi, la loi stipule que les intérêts sont le prix payé par le débiteur pour la jouissance du capital. Le rendement doit être à la charge du débiteur. Sinon, il n’est pas taxé. L’exemple type d’un tel rendement non taxé est le gain sur le change. Celui-ci n’est pas supporté par le débiteur. Son exonération est reconnue par le fisc (Com. IR/92, n° 19/5). Mais il y a cependant un revers à la médaille. Les éventuelles pertes de change ne sont pas déductibles fiscalement.

Suivez la discussion sur twitter, @Anton_Rivus.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content