Quel est l’impact d’un relèvement des taux d’intérêt américains sur notre budget ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Nous non plus, nous n’échapperons pas aux effets de la hausse des taux directeurs américains. Les entreprises, les investisseurs et les personnes à la recherche d’une maison en ressentiront l’impact.

La Federal Reserve (Fed) a relevé les taux d’intérêt aux Etats-Unis d’un quart de point de pourcentage. La coupole des banques centrales américaines observe une forte croissance de l’économie américaine et prévoit d’autres hausses de taux plus tard dans l’année.

Rapidement après le discours, l’euro est passé au-dessus d’1,07 dollar. Entre-temps, l’euro s’est encore renchéri de quelques cents en dollar. Cette hausse n’est pas seulement la conséquence du discours de Janet Yellen, la présidente de la Federal Reserve, mais aussi des élections aux Pays-Bas. Pendant son discours, Yellen a confirmé que la Federal Reserve désirait encore relever deux fois les taux d’intérêt en 2017. Cette perspective a fait baisser le dollar. La victoire des élections néerlandaises par le VVD a boosté l’euro.

Geert Gielens, l’économiste en chef chez Belfius, prévoit que l’euro variera le reste de l’année entre 1,05 et 1,07 dollar. “Cela dépendra néanmoins beaucoup de ce que le président américain Donald Trump décidera encore cette année”, selon Gielens.

Un euro fort est une mauvaise nouvelle pour les entreprises européennes exportatrices. Un dollar plus faible rend les biens importés moins attrayants pour les consommateurs américains. Les entreprises européennes qui importent bénéficient dès lors à nouveau d’un euro plus fort.

Geert Gielens avait déjà fait savoir qu’il ne prévoyait pas une forte réaction sur les marchés monétaires. “A l’approche de la réunion sur les taux, les marchés avaient déjà bien évalué ce que la Federal Reserve allait décider. Le relèvement des taux était donc en fait déjà inclus dans les courbes”, explique-t-il.

Taux d’intérêt à long terme

La vision de marché selon laquelle la politique d’assouplissement de la Banque Centrale Européenne touche à sa fin, ainsi que la hausse de l’inflation, renforcent le relèvement des taux d’intérêt

“Tout comme pour les cours de change, la hausse des taux était déjà incluse dans les prix et il n’y a pas eu d’effet important sur les marchés obligataires dans l’eurozone”, affirme l’économiste en chef de Belfius. Gielens prévoit toutefois que les hausses des taux aux Etats-Unis seront bien ressenties jusqu’au-delà de l’océan à plus long terme. “Il y a une corrélation positive entre les taux d’intérêt européens et américains. La force de cette corrélation s’est néanmoins affaiblie ces derniers temps, mais elle reste bel et bien positive”, précise Gielens. En d’autres mots, les prix des obligations pourraient s’affaiblir et les taux d’intérêt croître.

“La vision de marché selon laquelle la politique d’assouplissement de la Banque Centrale Européenne touche à sa fin et l’inflation plus élevée renforcent en outre ce mouvement à la hausse des taux d’intérêt”, continue Gielens. Une forte hausse des taux d’intérêt à long terme n’est pas encore à l’ordre du jour. “Tant que la Banque Centrale Européenne continue à racheter des obligations, elle exerce une pression à la baisse sur les niveaux des taux d’intérêt”, ressort-il.

Le taux d’intérêt américain à dix ans diminue

Rapidement après la décision sur les taux, le taux d’intérêt à dix ans aux Etats-Unis a, il est vrai, diminué de 7 points de base, à 2,5 %. Cela reste certes plus élevé que le point le plus faible de 2016: 1,46%. Gielens a pourtant réagi de manière étonnée à la diminution. “On s’attendrait normalement à ce que, avec une croissance réelle d’environ 2% et des perspectives de hausse de l’inflation, ce taux d’intérêt fluctue autour de 4% ou tende vers ce pourcentage. Ce n’est pourtant pas le cas. Le taux diminue même légèrement. Pour l’instant, je n’en perçois pas très clairement la cause précise. La demande en 10Yr treasury reste il est vrai importante et il y a peu d’offre”, ressort-il.

Selon Koen De Leus, économiste en chef chez BNP Paribas Fortis, une autre raison existe à l’impact limité de la décision de la Federal Reserve sur le taux à long terme américain. “Selon un modèle populaire de la Federal Reserve, l’énorme quantité d’actifs dans le bilan comprime la prime de terme des taux d’intérêt à long terme de 120 points de base”, explique-t-il. “La prime de terme est la prime que vous recevez normalement du fait que vous achetez une obligation à 10 ans et non une obligation à 1 an pendant 10 années successives. Dit plus simplement, ces actifs maintiennent donc le taux à long terme beaucoup plus bas que s’ils ne se trouvaient pas dans le bilan.” Cela a selon lui comme conséquence que les taux à long terme n’augmentent pas aussi fort que les taux à court terme jusqu’à deux ans. “On observe cela pour l’instant: le taux à long terme est, avec 2,5%, resté relativement faible nonobstant l’augmentation significative de la probabilité de hausses de taux”, explique De Leus.

De Leus prévoit que le taux d’intérêt à long terme augmentera jusqu’à 3,5% d’ici la fin de cette année. Il n’exclut également pas un relèvement des taux dans l’eurozone. Il prend comme exemple le taux d’intérêt à long terme de l’Allemagne, la plus importante économie de l’eurozone. “Nous tablons sur une augmentation de ce taux jusqu’à 1% à l’horizon de fin 2017”, ressort-il.

Crédits logement plus chers

Un relèvement des taux d’intérêt à long terme est de toute façon une mauvaise nouvelle pour les personnes à la recherche d’une maison ou d’un appartement. Elles verront le coût des crédits hypothécaires augmenter. “Nous prévoyons que les taux d’intérêt sur les crédits logement augmenteront d’environ 0,5% d’ici la fin de l’année”, selon De Leus.

Et qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ? “Pour la bourse, l’histoire est quelque peu plus compliquée. Dans une situation normale, une hausse de taux est négative pour la bourse, car les obligations deviennent à nouveau des placements intéressants. Mais la situation est aujourd’hui plus complexe”, explique Gielens. “Malgré la hausse, le taux d’intérêt reste très faible. Ensuite, la hausse de taux signale un climat économique plus fort et cela est à nouveau positif pour la bourse, y compris pour la bourse européenne. Je présume que ce dernier facteur pèsera.”

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