ThromboGenics en manque de temps

Depuis début janvier, la société biotechnologique louvaniste a perdu plus d’un tiers de sa valeur en raison d’un manque de temps par rapport à des marchés de plus en plus pressés.

Bien que le parcours de ThromboGenics puisse difficilement être qualifiée de sans faute (au vu du nombre d’échecs), la société est parvenue à atteindre son objectif principal : commercialiser un médicament. Le Jetrea, un traitement de la traction vitréomaculaire, est ainsi à la disposition des ophtalmologues américains et européens (commercialisation par Alcon hors des États-Unis) depuis le début de l’année.

C’est alors qu’a commencé le calvaire boursier de ThromboGenics. Étant arrivé au bout du processus, la société n’a plus de nouvelles fraîches à fournir aux marchés, ses autres candidat-médicaments se situant à un stade bien moins avancé. Parallèlement, les investisseurs s’impatientent face à des premiers chiffres de vente dérisoires (10 millions de dollars à fin avril). Des hedge funds en ont profité pour s’engouffrer de la brèche et prendre des positions à la baisse sur le titre qui affichent désormais des ventes à découvert représentant plus de 10% de sa capitalisation boursière.

Le pessimisme ambiant n’a toutefois pas emporté la majorité des analystes (dont 6 sur 8 restent à l’achat), ING ayant même fixé un objectif de cours de 73 euros… Face à cet optimisme exacerbé, JP Morgan Chase a récemment entamé le suivi du titre avec beaucoup plus de prudence. Les analystes américains estiment ainsi qu’à court terme, les ventes et donc les royalties perçues d’Alcon resteront dérisoires en Europe en raison du long processus de remboursement (avis favorable en Allemagne ce mois et normalement en octobre au Royaume-Uni).Outre-Atlantique, JP Morgan Chase estime aussi que les spécialistes des affections de la rétine n’adopteront le Jetrea que très progressivement de sorte que les ventes ne dépasseront pas 33 millions d’euros cette année contre un consensus de 46 millions.

Même s’il faudra attendre les chiffres semestriels de la fin août pour départager JP Morgan Chase et ING, nous pouvons constater que dans plus de 80% des cas les analystes pêchent par excès d’optimisme lors de la mise sur le marché d’un nouveau médicament. La commercialisation exige en effet 5 à 10 ans avant d’atteindre le plein potentiel d’un traitement.

Cédric Boitte

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content