‘Trop tôt pour investir dans les matières premières, excepté dans l’or’

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Selon Geert Van Herck, stratège en chef chez Keytrade Bank, il est trop tôt pour investir dans les matières premières, excepté dans l’or. “La reprise est un rallye temporaire au sein d’une tendance structurelle à la baisse .” Les résultats saisonniers imminents aux Etats-Unis n’offrent également pas de réelles opportunités: “Le sommet des bénéfices américains est atteint.”

Le plancher semble atteint sur les marchés du pétrole et des matières premières. Prévoyez-vous que la reprise se poursuivra ? Est-ce un moment pour acheter ? Et comment un investisseur peut-il investir au mieux sur ces marchés ?

Il nous semble encore trop prématuré de déclarer que le plancher sur le marché des matières premières est atteint

Geert Van Herck: “Il nous semble encore trop prématuré de déclarer que le plancher sur le marché des matières premières est atteint. Qu’un rallye de soulagement soit en cours, c’est plus que logique. Au cours des dernières années, il y a en effet eu un vrai crash sur le marché des matières premières, qui a mené à un sentiment très pessimiste auprès des investisseurs en matières premières et à une forte survente des matières premières au démarrage de 2016. Un scénario idéal pour un rallye de reprise. Nous considérons également la reprise comme un rallye temporaire à l’intérieur d’une tendance structurelle à la baisse. Les mois prochains, les matières premières peuvent encore augmenter, mais nous ne devrions pas aller trop vite. Conjoncturellement parlant, 2016 ne sera pas un triomphe et cela pourrait jeter un froid sur les réjouissances au cours du second semestre pour les investisseurs en matières premières. L’or nous semble toutefois la seule exception, et en cette matière, nous préférons les trackers qui investissent dans l’or physique.”

Selon la Banque Centrale Européenne (BCE), la monnaie hélicoptère (la distribution directe d’argent par les banques centrales aux ménages, ndlr) n’est pas à l’ordre du jour. Prévoyez-vous que cela devienne un jour une option politique sérieuse ? Quel effet aurait celle-ci sur les marchés financiers ?

Van Herck:“Ne dites jamais “jamais” avec les banquiers centraux! Ces dernières années, les banquiers centraux en général, et la BCE en particulier, ont mis tout en oeuvre pour relancer l’économie avec de l’argent gratuit. Aujourd’hui, nous devons constater que les résultats ne sont pas vraiment très positifs (la croissance économiques reste basse) et que la critique sur cette politique commence à émerger. Au plus longtemps les chiffres de l’inflation au sein de la zone euro continueront à flirter avec le seuil de zéro, au plus la probabilité de monnaie hélicoptère est grande. Dans le passé, les nouvelles mesures de stimulation ont résulté en une jubilation sur les bourses. Mais cet effet semble maintenant s’atténuer. L’indice boursier européen STOXX Europe 600 est ainsi encore toujours coté environ 20% en-dessous du sommet d’avril 2015, bien que le président de la BCE Mario Draghi ait invariablement continué à dire que la BCE agirait avec fermeté contre la menace de déflation. Ici aussi, il semble que les investisseurs ne sont plus impressionnés par les paroles de Draghi et qu’ils arrivent plutôt à la constatation que le réel problème, dans de nombreux secteurs, est la surcapacité (avec, lié à cela, le manque de pouvoir de fixation des prix).”

Cette semaine, la saison des résultats américains démarre. Que prévoyez-vous pour les chiffres du premier trimestre ? La plupart des observateurs sont pessimistes et voient déjà les chiffres aux Etats-Unis baisser pour le quatrième trimestre successif en comparaison avec le trimestre précédent. Ce pessimisme est-il justifié ou peut-on, précisément maintenant, s’attendre à des surprises positives ?

Dans une perspective à long terme, il semble fort que, aux Etats-Unis, les bénéfices aient atteint leur sommet

Van Herck: “Les sociétés du S&P 500 retirent environ 50% de leur chiffre d’affaires de l’étranger. Il ne faut pas faire un dessin pour comprendre que, avec la faible croissance en Europe et les récessions dans les quelques importants pays émergents, les prévisions de bénéfices pour les plus grandes entreprises américaines sont revues à la baisse. Sans parler de la crise dans le secteur énergétique. Puisque les prévisions sont déjà fortement revues à la baisse, il n’est pas à exclure qu’il y ait ici et là quelques entreprises qui surprendront positivement. Mais dans une perspective à long terme, il semble fort que, aux Etats-Unis, les bénéfices aient atteint leur sommet. Ces dernières années, les bénéfices des entreprises en tant que pourcentage du PIB ont grimpé tellement fort au-dessus de la moyenne à long terme qu’il y aura un retour vers la moyenne. Additionnez à cela un marché des actions fortement surévalué et il paraît évident que les grands profits ne viendront pas des actions américaines. Les prochaines années, nous visons plutôt les actions européennes et surtout sur les actions des pays émergents qui, du point de vue de la valorisation, sont très bon marché!”

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