“Une récession n’est pas à l’ordre du jour”

Guy Wagner (administrateur-directeur chez BLI - Banque de Luxembourg Investments) © Dann

Si une récession n’est pas encore à l’ordre du jour, Guy Wagner a pivoté sa stratégie vers un positionnement plus défensif depuis le début 2019.

“L’environnement actuel ne pointe pas encore vers une récession au niveau global”, souligne Guy Wagner (administrateur-directeur chez BLI – Banque de Luxembourg Investments). “Le secteur manufacturier connaît aujourd’hui un ralentissement en raison de la guerre commerciale, mais il ne représente qu’une partie de la croissance américaine. L’extension des problèmes manufacturiers vers la consommation privée n’est pas encore à l’ordre du jour”. En outre, il souligne que l’économie américaine a tendance à bien réagir aux baisses du taux d’intérêt à long terme, de sorte que les nouvelles pourraient progressivement devenir meilleures durant les prochains mois.

Bulle obligataire

Il met également en évidence l’impact des règlementations sur les comportements des investisseurs depuis la crise financière. “Les nouvelles règles sont souvent mises en place en réaction à la crise précédente, et les marchés obligataires sont aujourd’hui devenus très risqués avec des rendements faibles même pour de la dette proposée par des émetteurs douteux. Mais les régulateurs continuent de pousser une grande partie des investisseurs vers cette classe d’actifs”.

Il souligne également suivre de près les développements qui pourraient se produire en matière de politique budgétaire au niveau européen. “La tentation va devenir forte d’utiliser les taux à 0% pour financer des politiques plus ambitieuses dans ce domaine”. Il estime toutefois que ces politiques devraient avant tout viser à réaliser des investissements productifs afin de relever le potentiel de croissance à long terme de l’économie européenne.

“Je crains toutefois que la montée des populismes en Europe ne pousse davantage vers les dépenses non productives. Il faudra donc attendre de juger le contenu de ces programmes”. Quant à la perspective de voir la BCE distribuer des sommes d’argents aux particuliers (Helicopter Money), il estime cette tentation bizarre dans un environnement où la demande est déjà saturée dans beaucoup de domaines. “Cela reviendrait à stimuler la croissance actuelle au détriment des perspectives de croissance future, sans augmenter la productivité.

Positionnement

Guy Wagner gère notamment un des fonds flexibles les plus populaires du marché (BL Global Flexible), une stratégie qui affiche une notation cinq étoiles chez Morningstar avec une performance annualisée de 5,6% durant la dernière décennie. “Notre fonds est investi sur différentes classes d’actifs (actions, obligations, devises, or) en fonction de nos attentes quant à l’environnement économique. Notre but sera notamment de réaliser de bonnes performances en limitant l’impact des politiques monétaires”.

Au niveau de l’allocation, l’exposition sur les marchés obligataires a été ramenée à seulement 5% des actifs sous gestion suite à la compression des rendements intervenue depuis le début 2019. “De même, nous avons descendu la partie actions de 70 vers 50%, la hausse des cours intervenue cette année ayant été soutenue par la hausse des multiples, alors que la croissance des résultats s’est plutôt dégradée”. Le portefeuille reste par ailleurs largement exposé sur le cours de l’or, qui est sur une tendance haussière depuis le début 2019. “Nous sommes aujourd’hui proche de notre exposition maximale sur le métal jaune, autour de 15% de notre portefeuille”.

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