La technique du crapaud

Il faut bien l’avouer, il y a du progrès dans les mesures adoptées par les chefs d’Etats et de gouvernements européens en vue de faire face à la crise de la dette.

Il faut bien l’avouer, il y a du progrès dans les mesures adoptées par les chefs d’Etats et de gouvernements européens en vue de faire face à la crise de la dette. L’énième sommet “crucial” a donné lieu à la tentative la plus méritoire jusqu’à présent. Loin de nous l’idée d’affirmer que nous sommes satisfaits des solutions proposées. Pour un certain nombre de points essentiels, on reste sur sa faim. Soyons réalistes, il s’agit d’un compromis typiquement “gris”, résultat d’un point de vue “blanc” et d’un point de vue “noir” sur la problématique de l’endettement.

L’Allemagne de la chancelière Angela Merkel ne souhaite pas conférer un rôle dominant à la Banque centrale européenne, de sorte que le FESF, c’est-à-dire le Fonds européen de stabilité financière, n’a qu’un champ d’action limité. La France de Nicolas Sarkozy entend pour sa part élargir le mécanisme de stabilité financière, mais ses motivations sont principalement de conserver son propre rating AAA et de restreindre autant que possible les efforts d’économie à consentir par le pays.

L’Europe a désormais peaufiné sa technique de bluff. Le nombre magique de 1000 milliards d’euros de “puissance de feu” est un beau coup de bluff. On dirait un crapaud qui gonfle la gorge pour en imposer et faire peur. Parce qu’il s’agit là de “garanties”, le nouveau mot à la mode. Attendu que la plupart des Etats membres sont eux-mêmes endettés jusqu’au cou, c’est une solution “élégante”. Toutefois, l’engagement est tout aussi grand si les choses tournent mal. Ainsi, nous nous étions donc portés “garants” pour le Holding communal par l’intermédiaire de l’Etat et des Régions. A présent que celui-ci a fait faillite – pardon, a fait l’objet d’une liquidation – nous devons bien supporter les pertes et avaler la pilule.

Il n’empêche que les marchés financiers ont accueilli avec enthousiasme ce plan européen. A noter que ces 18 derniers mois nous ont appris que l’on ne pouvait pas déduire le succès des mesures adoptées de la réaction initiale des marchés. Jusqu’à maintenant, celle-ci fut presque toujours positive. Mais le doute reprenait relativement vite le dessus. Nos doutes ne se sont pas envolés non plus. Dès lors, nous considérons les bonnes journées boursières comme des occasions de réduire ses positions en actions plutôt que comme des opportunités d’acheter ou d’accumuler et de tomber ainsi dans le piège de l’optimisme “politique”.

Danny Reweghs

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