Pot de naissance

2010 a déjà deux mois maintenant. L’accouchement a été facile, mais l’enfant a ensuite connu quelques difficultés. Le petit n’y est toutefois pour rien. Il a reçu tout ce dont il avait besoin pour prendre un bon départ : des taux bas, une croissance économique prudente et la perspective de bons résultats d’entreprises. Mais des éléments perturbateurs dans son environnement détournent l’attention de cette petite merveille. Résultat : après deux mois, le nouveau-né a à peine pris du poids. Le Stoxx50 affiche même une perte de 8%.


Chacun sait cependant qu’après la naissance d’un bébé, structure et stabilité sont indispensables pour son évolution. Et c’est précisément ce qui a manqué ces dernières semaines. La problématique de la dette en Grèce et les doutes en découlant concernant l’avenir de l’euro monopolisent une grande part de l’attention. La semaine dernière, la monnaie unique a perdu pas mal de plumes. Alors que la Grèce est mise sous pression afin de mettre de l’ordre dans ses finances, le dollar s’enrichit sans peine. Il semble que le billet vert serve encore de devise refuge à beaucoup d’investisseurs. Pour que les nuits redeviennent paisibles, il faudrait donc que l’Europe envoie un signal clair. Entre-temps, aux Etats-Unis, le business as usual est de retour. Au quatrième trimestre, le produit intérieur brut y a progressé de 5,9% (les prévisions tablaient sur 5,7%). Mais il s’agit de chiffres historiques. En tant qu’investisseurs, nous devons surtout anticiper, et à en juger par la confiance des consommateurs en février, Joe Sixpack (ou l’Américain moyen) ne semble pour le moment pas réussir à tirer l’économie. D’ici un mois, on attendra déjà les résultats du premier trimestre…

Pour l’instant, nous devons toutefois nous concentrer sur la saison des résultats en Europe qui a désormais atteint sa vitesse de croisière. L’un des résultats les plus remarquables est venu la semaine dernière de Flandre occidentale : Bekaert, le producteur de fils métalliques, a pulvérisé les prévisions avec ses chiffres annuels. Les analystes croulaient sous les superlatifs à l’examen du rapport. Le chiffre d’affaires généré par Bekaert dans les pays asiatiques et latino-américains est presque aussi grand que celui des pays où le groupe est établi. Mais alors que ces derniers pays ne rapportent presque pas, voire pas d’argent, la région Asie-Pacifique se distingue par des marges de plus de 35%. Voilà qui nous indique déjà que le groupe a fait les bons choix stratégiques.

On a déjà vanté la décision prise il y a des années de se constituer une forte présence en Chine. Le fait que l’entreprise ait réussi, au sommet de la crise, à garder la tête froide et à maintenir ses moyens de production intacts apporte assurément la preuve que Bert De Graeve n’a pas été élu Manager de l’année pour rien !
Nous l’avons déjà écrit dans ces lignes et le répétons, dans un environnement tendu, c’est tout un art de faire les bons choix et c’est crucial ! Bekaert a déjà été récompensé pour cela. Quand on observe le graphique du cours du groupe, on a l’impression qu’il n’y a jamais eu de crise. Ce qui est encourageant, en outre, c’est que Bekaert n’était pas une exception. Telenet et Belgacom, par exemple, ont également publié des chiffres qui ont été très appréciés des investisseurs. Le petit extra réservé aux actionnaires n’y est sans doute pas étranger. Dans le contexte actuel, les entreprises qui redistribuent une bonne partie de leurs bénéfices aux actionnaires respirent la confiance et méritent qu’on leur accorde plus d’attention.

Malheureusement, la confiance ne se retrouve pas partout. Communiquer des informations sur ce que réserve 2010 reste un supplice pour bon nombre de sociétés. Chaque mot et chaque virgule sont analysés en profondeur avant d’être publiés. On craint que les investisseurs les interprètent mal. Qu’ils en tirent de mauvaises conclusions. Qu’ils tournent le dos à l’entreprise. On préfère donc ne pas faire de déclarations trop osées quant aux prévisions et ne pas placer la barre trop haut. Naturellement, quand on espère rien ou très peu, toute bonne nouvelle est accueillie à bras ouverts et récompensée plutôt deux fois qu’une. Who are we kidding? Tout indique que les marchés financiers seront encore emprisonnés un temps entre espoir et crainte. L’espoir que les résultats des entreprises et les prévisions finiront par se traduire dans les cours et la crainte que la tragédie grecque ne trouvera que difficilement un dénouement. Pourtant, dans ce climat d’argent bon marché, tout semble montrer que la voie des gains boursiers est possible. Lançons donc déjà les invitations pour le pot de naissance ! Il reste à voir ce que nous offrirons : du cava ou du champagne…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content