La BCE prête à étendre ses rachats d’actifs

La Banque centrale chinoise a agi à son tour…

Que faut-il faire quand les mesures monétaires s’avèrent inefficaces ? Telle est la question qui tarabuste plusieurs banquiers centraux. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a annoncé lors d’une allocution en Allemagne la semaine dernière vouloir élargir ses achats d’actifs financiers. Jusqu’à présent, la BCE s’est contentée d’annoncer ce genre d’actions sans les pratiquer réellement. Il y a peu de chance qu’elle réussisse encore longtemps à influencer les marchés de la sorte. L’euro (EUR) a bien entendu perdu du terrain sur le marché des changes, mais moins sévèrement que prévu. Il a abandonné 0,1% face au dollar (USD).

Dans l’intervalle, le Japon a aussi assoupli sa politique monétaire dans l’attente des élections anticipées. Le pays est retombé en récession malgré les largesses monétaires de ces derniers temps. Le yen (JPY) a chuté de 1% et a forcément perturbé les intentions de la BCE. Les deux banques centrales ne font qu’attiser la guerre des devises avec toutes leurs déclarations. Il est alors compréhensible que d’autres institutions réagissent à leur tour.

Mesure chinoise

C’était le cas de la Banque centrale chinoise. Sous prétexte d’un recul conjoncturel qu’il lui faut redresser, elle a réduit ses taux directeurs de 0,25%. La modicité de la mesure n’est pas de taille à relancer la conjoncture. Sachant que le gouvernement chinois agit toujours de façon pragmatique, la mesure plus efficace qu’il a prise vise les petites banques. Celles-ci ont vu doubler leurs marges de manoeuvre en ce qui concerne la fixation du taux rémunérateur de leurs dépôts. Ceci devrait leur permettre d’attirer plus aisément l’épargne des ‘petites gens’ pour les concéder par la suite sous forme de crédits aux petites et moyennes entreprises du pays. Le gouvernement espère augmenter ainsi la consommation interne. Comme on le voit, une telle mesure ne nécessite pas une diminution des taux directeurs.

Envolée des prix des matières premières

La baisse de ceux-ci vise donc un autre but. Elle doit contribuer à ralentir la hausse du yuan (CNY) et freiner l’avantage concurrentiel que le Japon s’arroge par sa politique monétaire. La décision chinoise a toutefois influencé les marchés financiers. La réaction la plus spectaculaire s’est produite sur les marchés des matières premières où les prix se sont envolés. Le prix du baril, par exemple, est repassé au-dessus de la barre des 80 USD.

Le rouble russe (RUB) flotte depuis une dizaine de jours. La banque centrale du pays interviendra encore sur le marché des changes, mais plus comme avant où elle défendait quotidiennement une parité face à diverses devises. Dorénavant, ce seront les spéculateurs qui assumeront les oscillations de la devise. Grâce au redressement du prix du baril et à la nouvelle direction monétaire, le RUB s’est redressé de 4,1% la semaine passée, davantage donc que la hausse du brut.

Les autres devises liées aux matières premières se sont bien comportées, toutes soutenues par le redressement du prix des matières premières. Le rand sud-africain (ZAR) a bondi de 2,7% en avant, le dollar canadien (CAD) a progressé de 1,2%, son homonyme australien (AUD) de 0,6% et le néo-zélandais (NZD) de 1%. Le real brésilien (BRL) continue sur sa lancée et a gagné pas moins de 3% la semaine dernière.

Marché des capitaux perturbé

Les tribulations monétaires ont entrainé d’innombrables glissements sur le marché des capitaux. La tendance restait toutefois négative. On comptait jusqu’à trois fois plus de valeurs orientées à la baisse qu’inversement dans les devises principales. La plupart des émetteurs souverains ont affiché de belles performances. Leurs titres n’intéressent pas seulement les institutions financières qui les utilisent sous forme de gage pour couvrir d’autres activités, mais aussi les investisseurs institutionnels qui en apprécient la sécurité. Les titres industriels semblaient mieux prisés que les pourris. Les obligations libellées en devises exotiques avaient le vent en poupe. Toutes les obligations exprimées en ZAR ont progressé !

Nombreuses émissions

L’activité sur le marché primaire reste très soutenue. A côté des banques, on trouve de plus en plus souvent des émetteurs chinois qui lancent leurs emprunts tant en CNY qu’en USD. En tête de liste, on retrouve Alibaba (A+) qui a placé 5,75 milliards USD avec 5 emprunts. Ceux-ci ont trouvé acquéreurs en un temps record et cotent déjà au-dessus de leur prix de souscription sur le marché gris. Les émetteurs russes, dont l’accès sur les places occidentales leur est refusé, ont trouvé une parade. Ils émettent directement en RUB sur les marchés occidentaux. La Credit Bank of Moscow (B1) a ouvert le bal, lançant 5 milliards RUB qui coteront sur la Bourse de Dublin. L’émission est assortie d’un coupon semestriel très généreux de 16,5%.

Plus traditionnelles sont les émissions de LVMH (A+) et Rabobank (AA-) en AUD. Leurs conditions sont correctes. Vu le récent redressement de ce secteur du marché, on trouve difficilement mieux sur le marché secondaire, à moins d’opter pour une qualité plus médiocre, naturellement. La majorité des émissions en EUR s’adressent aux plus nantis. Seul le Crédit Agricole (AAA) émet un emprunt en petites coupures. Il s’agit d’une émission sécurisée par des hypothèques. L’accueil a été chaleureux et le titre cote déjà au-dessus de son prix de souscription.

Mercialys (BBB), gestionnaire de centres commerciaux, émet un emprunt à huit ans dont le produit est destiné au rachat d’emprunts antérieurs. Ses conditions sont particulièrement chiches. Seuls des émetteurs russes offrent un rendement supérieur. Fluxys (sans notation), le gérant des infrastructures gazières du pays, émet deux emprunts de longue durée dont le surrendement leur conférerait une notation implicite BBB. Ces deux titres ne conviendront qu’à ceux qui recherchent un coupon récurrent. Seuls les émetteurs espagnols et italiens offrent plus encore.

BASF (A+) en GBP ne convient qu’à ceux qui utilisent la livre effectivement. L’émission est techniquement correcte. Nestlé (AA) en USD est idéale au réinvestissement dans cette devise, que nous ne conseillons toujours pas. Notez qu’il y a 29 jours d’intérêts révolus à régler à la souscription de la nouvelle tranche de Berlin-Hannover Hypobank (A2) en EUR; 149 jours pour la PSHypo 2023 (AAA) et 56 pour la PSHypo 2026 en CHF.

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