Libor : Une fraude de 1.000 milliards de dollars ?

© Reuters

Ce serait le montant astronomique du préjudice causé par la manipulation du taux d’intérêt londonien depuis des décennies. Mais cela reste à prouver…

C’est le chiffre incroyable qui circule pour le moment à Londres : 1.000 milliards de dollars ! Tel serait le montant du préjudice causé, depuis des décennies, par la manipulation du Libor (pour London interbank offered rate), taux auquel les banques de la City se prêtent entre elles. Une somme folle qui fait froid dans le dos. Mais qui semble loin d’être complètement farfelue.

Devenu une référence dans ce dossier, le très sérieux Wall Street Journal parle d’une fraude ayant permis de détourner quelque 800 milliards de dollars. Un chiffre qu’en coulisses certains banquiers très prudents ne contestent qu’à moitié. Parlant d’un calcul précis difficile à effectuer, leurs estimations tournent plutôt autour des 500 milliards de dollars.

N’empêche : le profit reste énorme. Et réalisé par une poignée de grandes banques internationales sur le dos d’une foule de déposants, petites banques et autres entreprises aux quatre coins du monde. Non pas au cours des dernières années ! Mais depuis plus de 30 ans, période à laquelle remonteraient ces pratiques relevant du cartel sur le Libor.

Pas gagné d’avance

Sans remonter jusqu’au début des années 1980, la triche plus récente pourrait déjà coûter une vingtaine de milliards aux coupables, selon Morgan Stanley. La banque d’affaires américaine se fonde sur l’amende (réduite) payée par Barclays, en échange de sa collaboration.

Première banque sanctionnée pour la période allant de 2005 à 2009, l’enseigne britannique a accepté de payer 453 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites. Outre Barclays, une vingtaine de grands établissements financiers participant à la fixation du Libor pourraient écoper de sanctions similaires des deux côtés de l’Atlantique (HSBC, JP Morgan, Royal Bank of Scotland, Société Générale, UBS, Deutsche Bank, etc.).

Faut-il le rappeler, de Londres à Francfort en passant par New York, le Libor sert de référence à une multitude de produits financiers : prêts aux entreprises, cartes de crédit, prêts hypothécaires à taux variable, produits structurés, etc. Soit au total quelque 360.000 milliards de dollars, estime-t-on. Si bien que chez nous, l’affaire est suivie de près par Dexia.

Chiffrant le manque à gagner à plusieurs points de base sur certains produits indexés sur le Libor dans lesquels il a investi, l’ancien groupe franco-belge pourrait en être une des victimes. A l’image du broker Charles Schwab et de divers institutionnels américains, il pourrait réclamer de gros dommages en justice. Mais tout reste à faire. Parce qu’il faut non seulement quantifier ces dommages mais aussi prouver que la tentative de manipulation… a marché.

SEBASTIEN BURON

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