Les mutualités limitent l’assistance voyage: “Certains pays sont trop chers”

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Si vous êtes affilié à la Mutualité chrétienne et que vous planifiez un voyage aux États-Unis, vous ne pourrez désormais plus bénéficier d’une assistance voyage. Christian Horemans, expert auprès de l’Union des Mutualités libres, n’est pas surpris. “Dans certains pays, l’assistance médicale coûte trop cher.”

Se casser une jambe à l’étranger est en général couvert par une assistance voyage de la mutualité. Si nécessaire, un rapatriement est organisé. Afin de gérer cela avec succès, la majorité des mutualités collaborent avec la centrale d’alarme internationale Mutas, disponible 24 heures sur 24. Les Mutualités libres sont affiliées à Mediphone Assist.

Malgré cette collaboration transversale, les mutualités appliquent des conditions et limites différentes à leurs membres en voyage. La Mutualité chrétienne a ainsi fait savoir cette semaine qu’elle impose désormais une limite géographique. Jusqu’à présent, une couverture mondiale était de mise à la MC.

Les destinations de voyage en Europe ou autour de la mer Méditerranéenne tombent encore sous l’assistance voyage de la MC. Certaines destinations plus lointaines ont été exclues. L’Afrique du Sud, les États-Unis et le Canada ne sont notamment pas sur la liste des pays couverts. La MC fait néanmoins une exception pour les enfants et les jeunes qui ont droit aux allocations familiales. Pour eux, la couverture mondiale continue de s’appliquer. Les personnes qui planifient un voyage vers les États-Unis ou le Canada ont par conséquent tout intérêt à souscrire une assurance privée.

“Les coûts de l’assistance voyage ont grimpé de manière explosive ces dernières années. Cela est notamment dû à son utilisation croissante, à quelques dossiers très chers pour des destinations lointaines, à la diminution de la participation de l’État et à la privatisation de l’assurance maladie dans plusieurs pays, parfois à la réglementation douteuse dans des pays lointains. Si nous voulions maintenir notre assistance voyage abordable, nous n’avions pas d’autre choix que d’adopter des restrictions”, réagit Dieter Herregodts, porte-parole auprès de la Mutualité chrétienne. “L’an dernier, 20% des coûts ont concerné 4% des destinations. Il s’agissait précisément de ces destinations lointaines.”

Moins de 200 euros de dépenses médicales

Les personnes en voyage dans un pays de l’UE doivent tenir compte d’une limite. Ainsi, 75% des frais sont en général remboursés par l’assurance maladie obligatoire si le montant total des dépenses médicales est de 200 euros ou moins. La même règle vaut pour la Suisse, la Norvège, l’Islande, le Liechtenstein, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie. Si les frais dépassent cette limite, tous les frais urgents sont remboursés par Mutas si la destination de vacances est couverte par l’assistance voyage de la MC. Par dossier et par titulaire, une franchise de 60 euros s’applique toutefois.

Limite des coûts

Il y a sept ans, nous avons décidé d’instaurer une restriction géographique parce que les coûts grimpaient trop

La MC n’est en outre pas la seule Mutualité à réduire l’envergure de la couverture mondiale. L’Union des Mutualités libres l’a déjà fait en 2010. Les cinq mutualités affiliées (Partena, PartenaMut, Omnimut, Freie et Onafhankelijk Ziekenfonds) offrent une assistance voyage en Europe et dans le bassin méditerranéen, comme la Turquie et la Tunisie.

“Il y a sept ans, nous avons décidé d’instaurer une restriction géographique parce que les coûts grimpaient trop. En outre, 95% de nos membres optent pour des vacances classiques. Les destinations lointaines ne représentent donc qu’une minorité des séjours, mais elles engendraient des coûts très importants”, explique Christian Horemans, expert auprès de l’Union des mutualités libres.

La Mutualité libérale n’offre pas davantage d’assistance voyage dans les pays comme les États-Unis, le Canada et l’Afrique du Sud. “L’assistance voyage ne s’applique qu’à l’Europe élargie et au bassin méditerranéen”, précise Geert Messiaen, secrétaire général de la Mutualité libérale. Tout comme Horemans, Messiaen souligne le poids trop important des destinations lointaines dans les dépenses du service d’assistance.

“L’assistance voyage est financée par le biais de l’assurance maladie complémentaire obligatoire pour tous les membres, qui doivent par conséquent payer une cotisation”, continue le secrétaire général. “Le financement des soins médicaux pour ces destinations ne correspond pas à notre mission sociale car le groupe le plus important de nos membres, qui ne peut pas se permettre des voyages dans de telles destinations lointaines, devrait payer une cotisation élevée pour un groupe restreint de personnes qui peuvent se permettre de tels voyages.”

La Mutualité libérale rembourse tous les frais médicaux au-delà de 50 euros. Les personnes qui rendent visite à un professionnel de la santé ou achètent des médicaments doivent payer elles-mêmes les frais sur place. Ceux-ci sont remboursés par la suite. Une hospitalisation est par contre entièrement prise en charge par la Mutualité libérale. “Nous réglons tous les frais. Par la suite, nous demandons une franchise de 50 euros”, précise le Mutualité.

“Les Mutualités socialistes appliquent également une restriction géographique”, affirme Katrien De Weerdt, une porte-parole des Mutualités socialistes. Tout comme aux Mutualités chrétiennes, la centrale d’alarme Mutas règle le paiement des frais médicaux au-delà de 200 euros. L’hospitalisation est également entièrement prise en charge par les Mutualités socialistes. La mutualité compte une franchise de 25 euros par personne et par dossier.

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