Filière du bois, animaux de compagnie, éducation… Des fonds uniques en leur genre

L'éducation fait aussi l'objet d'un fonds spécifique, telle la solution originale proposée aux investisseurs de CPR Invest Education. © GETTY IMAGES

Comparer des fonds similaires est souvent intéressant pour déterminer la qualité d’une équipe de gestion. C’est nettement plus difficile avec ceux qui demeurent seuls (et parfois depuis plusieurs années) sur leur créneau. Leurs performances sont pourtant loin d’être négligeables.

Transition énergétique, digitalisation de l’économie, robotique… Quand on revient sur les différents lancements de fonds annoncés ces derniers mois, on constate que de nombreuses sociétés de gestion ont privilégié les approches thématiques. Il existe toutefois quelques fonds de placement qui demeurent seuls sur leur créneau de marché.

Prenez Pictet Asset Management. Le gestionnaire s’est fait une spécialité des fonds thématiques forts, avec notamment des produits spécialisés sur la sécurité, les villes intelligentes, la biotechnologie ou encore le secteur de l’eau. Un de ses fonds les plus anciens est toutefois Pictet-Timber (code ISIN: LU0340559557) qui n’a pas d’équivalent disponible sur le marché belge ou même à l’étranger en dépit d’une taille qui dépasse désormais 800 millions de dollars.

Exposition forestière

“Ce fonds vise les entreprises actives sur le secteur du bois, soit des sociétés qui détiennent et gèrent les forêts, ainsi que sur l’ensemble de la filière (construction, emballage, papier, etc.). Les produits du bois servent également de plus en plus de substitut durable à certains produits dérivés du pétrole”, explique Christoph Butz, qui est à la tête de cette stratégie depuis 2008. Et avec succès puisque Pictet-Timber affiche la note de quatre étoiles chez Morningstar, pour une performance annualisée de 8,2% durant la dernière décennie.

La caractéristique de Pictet-Timber, par rapport à la plupart des autres fonds du gestionnaire suisse? Un profil beaucoup plus cyclique, et une volatilité plus élevée. “La demande de bois est soutenue par des facteurs de croissance sur le long terme (besoin d’emballages durables, vieillissement de la population, etc.) et ce matériel constitue également une approche attractive d’un point de vue de la transition climatique, rappelle le gestionnaire. Une forêt bien administrée constitue une manière de capturer le carbone qui sera beaucoup plus efficace qu’une forêt non administrée, même si l’impact en terme de biodiversité sera moins important.” Le fonds s’est ainsi vu attribué le label Towards Sustainability de la part de Febelfin.

Croissance soutenue

Avec des actifs sous gestion qui approchent les 350 millions d’euros depuis son lancement en 2019, Allianz Pet and Animal Wellbeing (ISIN: LU1931535931) propose, lui, une stratégie qui investit dans les entreprises exposées sur les besoins et la santé de nos compagnons à quatre pattes. Le fonds a progressé de 54% depuis son lancement, et de 28% durant l’année 2020. Pour Andreas Fruschki, responsable de la gestion thématique chez Allianz Global Investors, un fonds thématique se doit d’être exposé sur les changements qui se produisent dans notre société, et donc viser des secteurs qui émergent structurellement.

“Il ne faut toutefois pas être trop vague afin que le fonds parle directement aux investisseurs, souligne le gestionnaire. La thématique des animaux de compagnie s’inscrit naturellement dans ce contexte parce qu’elle frappe immédiatement les esprits. D’autant que le taux de croissance de ce secteur a été remarquablement stable durant les 20 dernières années, de l’ordre de 5,2% par an aux Etats-Unis. Et nous pensons que cette tendance est susceptible de se maintenir dans le futur, vu le potentiel de croissance dans les pays émergents.”

Andreas Fruschki rappelle ainsi que la diminution du nombre d’enfants dans les ménages s’accompagne souvent de l’ajout d’un animal de compagnie. “Ils sont désormais considérés comme un membre de la famille à part entière et toute une économie s’est développée pour leur offrir des biens et services, de sorte que les dépenses par individu ont tendance à augmenter avec le temps.”

Et de citer comme exemple les soins de santé toujours plus sophistiqués destinés aux animaux de compagnie afin de prolonger leur existence. Mais les mesures de confinement décidées un peu partout dans le monde ont également bien aidé le secteur: le nombre d’adoptions a fortement augmenté durant l’année 2020.

Education digitale

Chez CPR Asset Management, c’est l’écosystème autour de l’éducation qui fait partie d’une solution originale proposée aux investisseurs retail depuis 2018: CPR Invest Education (code ISIN: LU1861294319). Ce produit a visiblement rencontré son public, avec des actifs sous gestion qui ont littéralement explosé pour atteindre désormais 630 millions d’euros.

“L’éducation sera un enjeu vital pour les prochaines années et se situe au centre de plusieurs objectifs de développement durable mis en avant par les Nations unies”, argumente Guillaume Uettwiller, cogestionnaire du fonds. La croissance devrait donc être soutenue. Dans la pratique, CPR Invest Education est investi sur trois grands axes: l’éducation (de la crèche à la formation professionnelle), le matériel éducatif (livres scolaires, etc.) et les services aux étudiants (prêts, kots étudiants, etc.).

Sa performance a été lourdement impactée en 2020 avec l’épidémie de coronavirus qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux établissements scolaires et autres centres d’apprentissage professionnel à travers le monde (impact en partie amorti par la bonne tenue des solutions d’éducation en ligne). Les différents plans de relance prévus pour cette année devraient toutefois constituer un terreau favorable pour une reprise rapide.

Obligations vertes

On vient de le montrer, il existe de nombreux fonds très originaux sur les marchés d’actions. Mais proposer un produit innovant est souvent plus difficile sur les marchés obligataires. Depuis la fin 2020, Amundi propose toutefois un fonds obligataire totalement original pour les investisseurs retail, qui va investir sur les obligations vertes émises dans les pays émergents. Maxim Vydrine, son gestionnaire, souligne que ce segment a enregistré un nombre record de nouvelles émissions en 2020.

“Avec une taille du marché qui atteint désormais entre 200 et 250 milliards de dollars, nous pensons qu’il est aujourd’hui possible de proposer un fonds qui sera distribué largement dans le grand public”, assure-t-il. Amundi Funds Emerging Markets Green Bonds (ISIN: LU2138398024) est exposé sur 80 à 120 émissions, majoritairement de la dette d’entreprises sur des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou la Corée du Sud. “Nous sommes aujourd’hui les seuls à proposer un fonds ouvert sur ce segment, mais nous sommes présents (avec des fonds réservés aux institutionnels) sur cette classe d’actifs depuis 2018″, poursuit le gestionnaire.

Maxim Vydrine rappelle également combien les standards dans les pays émergents se sont nettement rapprochés des standards internationaux, de sorte qu’il n’existe aujourd’hui plus que des différences mineures avec une obligation verte émise dans un pays développé. Le principal attrait du fonds sera donc la possibilité de combiner un rendement attractif avec la possibilité d’impacter la transition énergétique dans les pays émergents.

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